Réforme foncière ?

Publié le par Iphoes

En 1994, 60.000 agriculteurs blancs occupent 87 millions d’hectares et produisent 95% de la production agricole totale de l’Afrique du Sud. De l’autre côté, 14 millions de Noirs rassemblés sur les anciens bantoustans et réserves se partagent 13 millions d’hectares, soit 90% de la population sur 13% du territoire.

 

Depuis 1994 (élections démocratiques ouvrant la période post-apartheid), le gouvernement a lancé une « land reform » destinée à rééquilibrer la distribution des terres dans le pays. La promesse de l’ANC (parti de Mandela, élu président en 1994) était de redistribuer 30% des terres dans les 5 ans suivant la fin de l’apartheid. Mais fin 2004, seuls 3% des terres auraient été redistribués.

 

mbiyane

 

La photo aérienne ci-dessus illustre bien la question foncière dans notre zone d’étude.

 

A droite : des collines entières couvertes de canne à sucre, appartenant à des exploitations de plusieurs centaines (voire milliers !) d’hectares. Des versants entiers sont laissés en végétation spontanée parce que, évidemment, on n’est pas à 100ha près et on peut se permettre de préserver la nature. Les bâtiments rassemblés en bloc à droite sont les logements des travailleurs de l’exploitation. Les managers et supervisors sont chargés de la gestion de l’exploitation, tandis que le propriétaire chapeaute l’ensemble (exploitation patronale) ou est carrément absent des lieux (exploitation capitaliste). Villas magnifiques, 4x4 dernier cri, armée de tracteurs…

 

A gauche : des collines très peuplées, anciennes « missions » (réserves de Noirs, et également réservoirs de main d’œuvre). Ici on travaille à la houe. Les maisons sont entourées de micro-parcelles de maïs, légumes et tubercules, tandis que le reste de la colline est laissée en parcours (pâturages). On y trouve, et c’est étrange dans ces zones où la terre est si rare donc si précieuse, beaucoup de friches : l’agriculture n’est clairement pas la seule activité des ménages. Les grands-parents sont à la maison, tandis que les parents travaillent en ville (jusqu’à Durban) pour faire vivre la (grande) famille. Les aides sociales fournissent parfois l’essentiel du revenu familial. Le chômage et le SIDA (jusqu’à 75% de prévalence près de chez nous !) sont des fléaux majeurs. Il n’y a pas d’eau courante et parfois pas d’électricité.

 

Comment ne pas faire le lien avec les 1.500 meurtres d’agriculteurs blancs dénombrés officiellement entre 1994 et 2003… ?

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